31/03/2025

L'UDC veut sortir la Suisse de l'OMS et de l’accord sur le climat

L'UDC veut sortir la Suisse de l'OMS et de l’accord sur le climat
Article

Le Conseil fédéral est invité à déclarer «dans les plus brefs délais» son retrait de l’Organisation mondiale de la santé et de l’Accord de Paris sur le climat. 

Donald Trump fait des émules en Suisse. L’UDC, le plus grand parti helvétique, demande que la Suisse sorte non seulement de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) basée à Genève, mais aussi de l’Accord de Paris sur le climat. Elle trouve l’OMS et les règles climatiques trop onéreuses.

Le groupe UDC aux Chambres fédérales a adopté ces motions mardi et va les déposer dans les prochaines heures au parlement fédéral. Le premier texte invite le Conseil fédéral à déclarer «dans les plus brefs délais» son retrait de l’OMS. Elle demande aussi, dans un délai d’un an à compter de la déclaration de retrait, que la Suisse se retire «de manière ordonnée de tous les organes et sous-organisations de l’OMS et de tous les traités qui y sont liés».

Pourquoi ce retrait? Le conseiller Andreas Glarner explique que la «pieuvre» OMS «engloutit des sommes d’argent considérables». C’est «un monstre de bureaucratie» qui empiète toujours plus sur la souveraineté des États. Le parti n’a notamment pas apprécié l’ingérence de l’organisation pendant la pandémie Covid.

Dans son exposé des motifs, l’UDC relève que la Suisse verse plus de 30 millions annuels à l’OMS. Près de 5 millions en contributions obligatoires et 27 millions en contribution volontaire, selon les chiffres de 2023. L’UDC juge que l’utilisation de ces fonds est «très controversée», que les priorités sont mal fixées.

«Une décision regrettable»

Tout le monde dans le groupe UDC n’a pas apprécié cette motion. Et notamment certains Genevois, comme le conseiller national MCG Roger Golay, que nous avons pu atteindre ce matin. «Je me suis opposé à cette motion. C’est regrettable de vouloir quitter l’OMS, car cette institution est une vitrine pour Genève au niveau mondial de la santé. Et il y aurait bien sûr des retombées économiques négatives importantes si la motion était acceptée.»

Il estime encore que le plus grand parti de Suisse donne un mauvais signal dans le monde et pourrait entraîner d’autres pays qui hésitent à quitter l’OMS. Dernièrement, les États-Unis et l’Argentine ont déclaré urbi et orbi vouloir quitter l’OMS.

«Genève doit se trouver autre chose!»

Que répond le conseiller national Andreas Glarner, qui porte la motion anti-OMS, quand on lui fait remarquer que ce serait un nouveau coup dur pour le canton de Genève après le retrait des États-Unis? «On ne va pas pénaliser toute la Suisse pour le bien-être de Genève. Ce canton doit se chercher une industrie plus respectable. C’est dur mais c’est raisonnable.»

Andreas Glarner ne supporte pas en effet que l’OMS s’immisce toujours plus dans la vie des gens en leur dictant leur mode de vie. À quoi pense-t-il? À la mise à ban par exemple des cigares et du vin.

«Accord sur le climat néfaste»

L'UDC suit vraiment l’exemple américain de Donald Trump. Une autre motion adoptée par le groupe parlementaire dénonce cette fois l’Accord de Paris sur le climat. Le premier parti de Suisse estime que la mise en œuvre de l’accord entraîne des coûts élevés et une «bureaucratie pesante» pour la Suisse.

Et d’ajouter: «Ces coûts placent nos entreprises, nos ménages et les usagers de la route devant des défis qui menacent souvent leur existence.» Le parti estime aussi que les plus grands pollueurs ne remplissent pas leurs propres obligations vis-à-vis de la convention. Dès lors, il n’y a pas de raison que la Suisse fasse du zèle et soit soumise à des exigences plus strictes.

La motion demande aussi au Conseil fédéral «d'adapter la législation nationale de manière que la sécurité d’approvisionnement de la Suisse et la rentabilité soient au centre de la politique énergétique et environnementale».

Deux motions pour la poubelle du parlement?

Quelle est la probabilité que le Conseil fédéral sorte la Suisse de l’OMS et dénonce l’Accord de Paris sur le climat? Très très faible. L’UDC est certes le plus grand groupe parlementaire dans l’Assemblée fédérale, mais elle est loin d’y faire la pluie et le beau temps. Ces deux motions seront jugées extrêmes par les autres partis, aussi bien à gauche, au centre qu’à droite. Donc même si le groupe UDC vote en bloc ses deux motions, elles ont toutes les chances de finir dans la poubelle du parlement.


auteur : Arthur Grosjean
source : https://www.24heures.ch/bureaucratie-l-udc-demande-que-la-suisse-sorte-de-l-oms-415941585276
crédit image : Adobe Stock